- dîme
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• disme XIIe; lat. decima, de decimus « dixième »♦ Hist. Impôt, fraction variable de la récolte prélevée par l'Église. Payer la dîme, les dîmes des blés, du vin. Abolition des dîmes par la Révolution de 1789. — Fig. Lever, prélever une dîme sur qqch., en prélever, en détourner une partie de la valeur. ⇒ exaction.dîmen. f. HIST Prélèvement sur les récoltes au profit de l'église. Payer la dîme.— Par ext. Impôt.|| (Québec) Vieilli Contribution volontaire annuelle que versent les catholiques à leur paroisse.⇒DÎME, subst. fém.A.— HISTOIRE1. HIST. ANC. Dixième partie des récoltes prélevée chez les Juifs pour être offerte à Dieu ou donnée aux lévites. Synon. tribut. Les Juifs payaient la dîme aux lévites (Ac. 1835, 1878).2. DR. FÉOD. Impôt sur les récoltes (de fraction variable, parfois le dixième) prélevé par le clergé ou la noblesse. Dîme royale. Synon. impôt, taxe. Les dîmes ont été abandonnées ce matin à la manière française, par emportement (STAËL, Lettres jeun., 1789, p. 323). L'abolition de la dîme et des redevances seigneuriales éliminèrent le ferment révolutionnaire de l'esprit des possédants ruraux (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 600). Cf. carnassier ex. 2 et champart A.— Vx. Grosses dîmes. Dîmes levées sur les gros fruits, comme le blé et le vin (d'apr. Ac. 1798-1878). Menues dîmes. Celles levées sur les menus grains et sur le menu bétail (d'apr. Ac. 1798-1878). Vertes dîmes. Celles levées sur les légumes, le chanvre, etc. (d'apr. Ac. 1798-1878).3. P. ext.a) [La dîme est imposée] Impôt en nature s'élevant au dixième des récoltes. La dîme ou l'impôt foncier, qui se perçoit en nature. Le percepteur assiste au battage des grains, à la cueille du tabac, à la fabrication de l'huile, et il prélève immédiatement un dixième de la récolte (ABOUT, Grèce, 1854, p. 303).b) [La dîme est offerte] Gratification en nature, selon un pourcentage déterminé. Dîme du butin. Crassus eut beau donner au peuple la dîme de ses biens, lui servir un festin de dix mille tables (MICHELET, Hist. romaine, 1831, p. 205). Il [Melchissédec] bénit Abraham et celui-ci lui octroya la dîme des dépouilles des rois vaincus de Sodome et de Gomorrhe (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 182).4. P. anal. Prélèvement arbitraire, taxe. La vieille (...) se permit de prélever une dîme sur la treille en choisissant les plus belles grappes (H. BAZIN, Bur. mariages, 1951, pp. 219-220). Services municipaux qui prélèvent une dîme sur chaque terrasse [des restaurants et des cafés] (JOCARD, Tour. et action État, 1966, p. 97).B.— Au fig. Leur consentement [de Marianne et Mathieu] allait être leur part de cruel sacrifice (...) la dîme que la vie prélevait sur leur tendresse, sur leur sang (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 660). La dîme de l'esprit est plus lourde que celle du sang (CARCO, Nost. Paris, 1941, p. 113).— P. métaph. La tradition veut, en effet que l'Éthiopie soit un fief offert par Jésus-Christ à sa mère, et accepté par elle comme dîme de l'Univers (THARAUD, Passant Éthiopie, 1936, p. 144).Prononc. et Orth. :[dim]. Ac. 1694 et 1718 admettent 3 formes : dîme, disme ou dixme; Ac. 1740 et 1762 n'acceptent plus l'anc. disme mais encore dixme dont on souligne ,,qu'on ne prononce point l'x qui ne sert qu'à allonger la première syll.`` Ac. 1798-1932 notent uniquement dîme. Les mêmes éd. de Ac. qui donnent dixme, écrivent aussi les dérivés dixmer, dixmeur. Avec abîme, dîme est le seul mot en [im] (à part les formes verbales) à s'écrire avec un accent circonflexe. Étymol. et Hist. Ca 1135 subst. masc. disme « le dixième » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2265); 1160-74 subst. fém. diesme « la dixième partie, ici d'une troupe » (WACE, Rou, éd. A.-J. Holden, III, 4707); 1174-76 hist. médiév. disme « fraction de récolte versée à l'église (ou au seigneur) » (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 109); ca 1450 hist. juive (Myst. Vieil Testa nent, éd. J. de Rothschild, XV, 8248 : Les dismes des biens de ce lieu); 1560 (CALVIN, Serm. sur la Genese, 3e de Melchisedec — XXIII, 670 — ds HUG.); 1829 (BOISTE : Dîme. Contribution illégale); 1836 lever la dîme « faire un prélèvement non permis » (BÉRANG., Escl. gaulois ds LITTRÉ). Du lat. decima (pars.), v. décime (l'a. fr. connaît l'adj. disme, ca 1100 Roland, éd. J. Bédier, 3084 — XIVe s. Christ. de Pis. ds GDF.). Fréq. abs. littér. :119.DÉR. Dîmeur, subst. masc., vx. Personne préposée à la collecte de la dîme. Dîmeur de tel lieu (Ac. 1798-1878). Synon. décimateur. — [
]. Ds Ac. 1694-1878. Pour les var. cf. supra. — 1res attest. 1174-78 desmëor « celui qui lève la dîme » (E. DE FOUGÈRES, Manières, 786 ds T.-L.), 1345 dismeur (Arch. JJ 75, f° 97 v° ds GDF.); de dîme, suff. -eur2; cf. lat. médiév. decimator (décimateur).
BBG. — NEUFBOURG, GONON (M.). Les Dîmes. Add. au t. XV des Chartes du Forez. Mâcon, 1960, pp. 29-58.dîme [dim] n. f.ÉTYM. V. 1135, disme; du lat. decimus « dixième », decima au féminin.❖1 Hist. antiq. Chez les Juifs, Le dixième de la récolte qui était offert à Dieu ou donné aux lévites.1 Considérez combien est grand celui auquel le patriarche Abraham donna la dîme du butin. Ceux des fils de Lévi qui exercent le sacerdoce ont, d'après la loi, l'ordre de lever la dîme sur le peuple (…)Bible (Segond), les Hébreux, VII, 5.2 Hist. Impôt, fraction variable de la récolte prélevée par l'Église. || Payer la dîme. || Lever la dîme, les dîmes des blés, du vin. — Spécialt. || Dîmes inféodées, usurpées par les seigneurs. — L'abolition des dîmes par la Révolution de 1789.2 L'Ancien Testament obligeait les Juifs à remettre à leurs lévites une certaine portion de leurs revenus, la dîme. Elle se maintint sans difficulté en Orient sous la nouvelle loi, mais ne fut d'abord considérée en Occident que comme une louable pratique. À partir de la fin du VIe siècle, les conciles cherchent à l'imposer en frappant les récalcitrants de peines disciplinaires. Sous Pépin le Bref, le pouvoir civil y contraignit par la force, pour remédier à l'extrême détresse de l'Église franque qu'il avait lui-même provoquée. La dîme devint dès lors une coutume générale; elle est en principe, comme son nom (decima pars) l'indique, du dixième des revenus et doit être payée au curé.Olivier-Martin, Précis d'hist. du droit français, 69.3 (…) dans une sorte de vertige (au cours de la nuit du 4 août 1789), ce fut à qui proposerait d'immoler un privilège. Après les droits seigneuriaux, la dîme, qui avait cependant pour contre-partie les charges de l'assistance publique (…)J. Bainville, Hist. de France, XV, p. 328.3 Fig. et littér. || Lever, prélever la, une dîme sur qqch., en prélever, en détourner une partie de la valeur. ⇒ Exaction. || C'est une dîme injuste.4 La voilà, l'iniquité maîtresse : cette dîme prélevée sur la chair et la sueur par le plus hypocrite, le plus immoral des artifices !Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 219.❖DÉR. Dîmer.
Encyclopédie Universelle. 2012.